jeudi 7 juillet 2011

Manifeste pour une Nouvelle République

Introduction

Le Mouvement pour une Nouvelle République, devenu après Association NOU-R, s’est constitué spontanément directement après la Révolution Tunisienne qui a permis de mettre fin à la de la tyrannie et la dictature de Ben Ali. Le peuple tunisien a exprimé à travers cette révolution sa volonté ferme à vivre en toute dignité dans une Tunisie libre et juste; ceci passe par l’instauration d’une démocratie moderne qui permet au peuple de choisir les responsables les plus aptes à concrétiser un développement durable et équitable sur l’ensemble du territoire national. Cette révolution ouvre de nouvelles perspectives pour le Peuple Tunisien et alimente de très grandes ambitions pour l’avenir mais cette mutation démocratique fondée sur les libertés individuelles n’est pas encore acquise et il est nécessaire que les citoyens tunisiens unissent leur force pour accomplir et mener à terme leur volonté.
Cette révolution est née  à partir de principes ; Mohamed Bouazizi est mort parce qu’il défendait une dignité bafouée par une administration contaminée par le fléau de la corruption. Des martyrs qui sont tombés sous les ordres du tyran et ses sbires étaient dans les rues pour exprimer leur colère quant à l’injustice, l’indifférence et l’arbitraire. Pour honorer ces dignes et fiers  enfants de la Tunisie, le Mouvement pour une Nouvelle République s’engage à faire tout son possible pour que Liberté, Justice et Dignité soient au centre des préoccupations des 3 commissions qui ont été désignées par le gouvernement transitoire, en étant force de proposition, en faisant la pression nécessaire sur le gouvernement et ces commissions et en intervenant avec les différentes parties prenantes dans le mutation démocratique du pays.
La mutation démocratique que vit le peuple tunisien devra s’inscrire dans le cadre d’un changement fondamental au niveau du système politique, des institutions de l’Etat et des paradigmes des politiques socio-économiques. Néanmoins, cette mutation doit se faire de manière prudente et raisonnée afin qu’elle soit dans la mesure du possible, outre le maintien de la composante sécuritaire du pays et le maintien de l’ordre, la moins destructrice au niveau des emplois et de la valeur ajoutée. Les membres de ce Mouvement sont contre la désagrégation de l’Etat et une vacance du gouvernement qui mettraient le pays en péril. Ils soutiennent tout gouvernement d’union nationale qui s’engage à respecter les fondamentaux de la démocratie exprimée ,
Ce mouvement initialement constitué de cadres et dirigeants d’entreprise, est ouvert à tous les tunisiens qui mettent les libertés individuelles et les droits de l’Homme au centre des valeurs de la société et qui aspirent à une république où l’Etat permet au plus grand nombre de citoyens de réaliser leur ambitions et de s’épanouir. Les tunisiens qui veulent adhérer à ce mouvement devront s’identifier et s’inscrire dans le cadre des orientations énoncées dans ce qui suit :

Nouvelle République basée sur une démarche participative et consensuelle

La construction d’une nouvelle Tunisie devra se faire selon une démarche participative de l’ensemble de la société civile : associations, syndicats de travailleurs, syndicats de patrons et partis politiques, dans le respect des rôles et prérogatives de chacun. Ainsi les syndicats des travailleurs devront focaliser sur  leur rôle de défenseur des intérêts des travailleurs syndiqués, et s’assurer que la nouvelle république qui sera mise en place consolide les acquis sociaux et prévienne la précarité des travailleurs. Le Patronat devra participer activement à la construction de la nouvelle république qui facilite la création et le développement des entreprises à travers notamment une législation et une fiscalité souple et incitative à l’investissement –surtout dans les zones défavorisées- et la création d’emplois. Il est nécessaire que les différents partis politiques représentant les différents courants idéologiques existants en Tunisie puissent se regrouper au niveau des valeurs constitutionnelles (libertés individuelles et égalité entre tous les citoyens et séparation et équilibre entre les pouvoirs) et participer sans exclusion à la création de la nouvelle république.

Mise en place d’une démocratie saine et stable

La nouvelle constitution renforcera les garanties aux droits fondamentaux ; Sacralité du Droit à la vie, Inviolabilité du Droit à la dignité, la primauté du Droit à la liberté, Droit à la propriété et Droit à la poursuite du bonheur et ce, sans distinction, d’âge, de sexe, de religion, de statut social ou d’origine. Elle doit réviser les pouvoirs des institutions de la République afin d’assurer une séparation des pouvoirs à travers notamment une limitation des pouvoirs de l’exécutif et une indépendance réelle et effective de la justice. Les nouvelles lois devront garantir l’émergence et développement  de media totalement libres et indépendants du pouvoir en place.
Le fonctionnement du pays doit reposer sur des institutions fortes et indépendantes et ne pas reposer sur des personnes. Les citoyens doivent être responsabilisés pour devenir des membres actifs au niveau de la gestion des institutions nationales et locales notamment en demandant des clarifications et en remontant les dysfonctionnements. Des procédures doivent être prévues pour que chaque citoyen -à travers un rapprochement clair des élus locaux avec la population- puisse demander des comptes sur la gestion des biens et deniers publics et obtenir l’information dans un délai raisonnable.
Le suffrage universel devra être la principale base de la légitimité au niveau des postes de responsabilité aussi bien au niveau national que local.  Ainsi, dans la nouvelle république, une partie du gouvernement, tous les conseillers (si la deuxième chambre est gardée), tous les gouverneurs, tous les maires et tous les magistrats devront être des élus. Toutes les élections devront être organisées et gérées par des commissions indépendantes de l’Etat et du pouvoir en place. Des règles doivent être établies pour assurer le multipartisme au sein des deux chambres et la présence de l’opposition au niveau de toutes les institutions de contrôle pouvant assurer un contre pouvoir.

Administration efficace au service des citoyens

l’Etat doit assurer en priorité et essentiellement les quatre fonctions régaliennes ;  Assurer la sécurité extérieure par la diplomatie et la défense du territoire ; Assurer la sécurité intérieure et le maintien de l'ordre public, avec, notamment, des forces de police ; Définir le droit et rendre la justice ; Détenir la souveraineté économique et financière en émettant de la monnaie. L’Etat tunisien doit maintenir les acquis  d’une scolarité gratuite et de qualité à l’ensemble des tunisiens sur le territoire national et un accès le plus large possible aux soins. L’Etat n’a pas à intervenir dans les différents secteurs économiques sauf en cas de crise grave où la tutelle de l’Etat peut être envisagée de manière seulement temporaire. L’Etat doit céder son monopole sur toutes les activités économiques où un marché concurrentiel peut être mis en place. Il est attendu de l’Etat de définir les lois et les normes régissant différents secteurs d’activités. L’Etat a toutefois droit de regard sur toutes les activités stratégiques notamment en termes de contrôle de grandes sociétés et de technologies tunisiennes par des étrangers.
Il est attendu de l’administration qu’elle soit efficace et transparente. Une réforme en profondeur de l’administration est nécessaire aussi bien au niveau du découpage des départements ministériels, que sur le statut du fonctionnaire ou le mode de gestion des dépenses, de la comptabilité publique et la communication des données. Cette réforme devra reposer fortement sur les nouvelles technologies de l’information, sur l’implémentation des best practice de gouvernance ainsi que sur la responsabilisation et la valorisation des ressources humaines. Les fonctionnaires  sont d’abord des serviteurs de l’Etat et des citoyens qui doivent rendre des comptes aux citoyens et à la justice. L’Etat est encouragé à travailler en partenariat avec le secteur privé pour la réalisation de ses programmes et de ses projets.
Le dispositif législatif doit être renforcé pour lutter efficacement contre la corruption ; De même, il est nécessaire de mettre en place une commission permanente et indépendante pour investiguer et collecter des preuves sur les cas de corruption à travers des inspections régulières des différents appareils de l’Etat (Douanes, Police, Municipalités, Marché publics, Privatisations, etc.) et pour des cas suspectés ou signalés par les citoyens pour en faire part à la justice. Cette commission devra communiquer aux citoyens tous les cas de corruption révélés et fournir des statistiques à cet effet. Afin d’éviter une utilisation accrue et injustifiée des méthodes d’investigation devront être explicitées et des preuves devront être fournies car la citoyenneté exige aussi le respect d’autrui et le non recours à la diffamation.

Développement Durable & Équitable

L’intérêt des citoyens et des générations futures doit être le fondement de la politique économique qui doit nécessairement viser un développement durable en harmonie avec l’environnement et préservant l’identité tunisienne. Toute politique économique doit trouver un équilibre entre plein emplois, compétitivité du site Tunisie, création de valeur ajoutée et respect de l’environnement. Des indices comme le Bonheur National Brut et ses composantes doivent faire l’objet d’un suivi par l’Institut National des Statistiques. Les responsables au niveau du gouvernement s’engager de pas sacrifier une des ces composantes pour des fins politiciennes à court terme.  Tout programme économique et social proposé par les partis politiques en compétition, doit faire des projections sur deux décennies en maintenant les équilibres macro-économiques et un déficit public très réduit. Une distribution équitable des richesses doit aussi être visée afin d’élargir encore la classe moyenne et d’éradiquer la pauvreté et la précarité de l’emploi. La politique économique devra se décliner en projections pour chacune des régions de la Tunisie afin d’assurer un développement équilibré sur tout le territoire national.
L’épanouissement des citoyens à travers la « valeur du travail » devra être un axe prioritaire de toute politique économique. Plus d’information doit être mise à disposition sur le marché de l’emploi notamment des projections sur l’avenir et ce, pour atteindre une meilleure adéquation entre l’offre et la demande et éviter des taux élevés de chômage et en particuliers celui des jeunes diplômés. Cela sera la base de l’ajustement permanent des filières de formations académiques et professionnelles. Le code de travail doit être révisé pour offrir la flexibilité nécessaire pour inciter à l’embauche et éviter la précarité des travailleurs intérimaires ou temporaires sur une longue durée.
L’Etat doit inciter à l’investissement intérieur aussi bien que l’inversement extérieur en facilitant la création et le développement des PME tunisiennes sur l’ensemble des régions, à travers davantage d’assouplissement au niveau des procédures administratives et en facilitant l’accès au financement. Un réseau de pépinières d’entreprises devra être développé pour couvrir chaque région et chaque université. L’essaimage devra être encouragé à travers des mesures fiscales et la mise à disposition d’études sur les secteurs porteurs. L’investissement dans les secteurs productifs et innovants devra être favorisé par rapport à l’investissement spéculatif et immobilier.

Identité Tunisienne

Tout projet de société pour la Tunisie, devra préserver l’authenticité et les spécificités de l’identifié tunisienne qui est de nature multiple. D’origine Amazigh, brassé par toutes sortes d’influences méditerranéennes, forte empreinte de la civilisation arabe avec une grande ouverture sur l’Occident et le reste du Monde. Le Peuple tunisien qui a toujours été à travers l’Histoire caractérisé par l’accueil, la simplicité et l’absence de grands écarts entre les classes sociales a pu à travers cette révolution montrer au reste du Monde et en particulier le Monde arabe que tous les peuples ont droit à la Liberté et à la Dignité quelque soit la culture dominante et la force de la dictature en place.
La Tunisie républicaine se caractérise par rapport aux autres pays du Monde Arabe par une séparation dans les faits des l’Etat et de la religion, par la dominance de la classe moyenne et par une législation avant-gardiste quant à la condition de la femme. Ces spécificités doivent être préservés et renforcés dans la nouvelle Tunisie.
Cette révolution marquera pour les décennies à venir l’identité Tunisienne et ses nobles objectifs devront être portés dans tous nos cœurs et laisser une empreinte forte au niveau de notre culture contemporaine. L’identité tunisienne doit être préservée et valorisée pour que la Culture tunisienne puisse s’épanouir encore plus.

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